Tradition, modernité et postmodernité

La polémique autour du Christmas Tree de la grand place de Bruxelles invite à réfléchir sur les notions de tradition, modernité et postmodernité.

Tradition

Dans une société traditionnelle, le temps est cyclique : tout se répète, rien ne bouge. Tout est à sa place. L’année est structurée par des rites  immuables qui rassemblent la population (le sapin de noël, par exemple).

C’est aussi une société où les rôles sont clairement répartis, souvent avec une hiérarchie (cela se marque particulièrement dans la place accordée aux deux sexes, par exemple).

La religion assure la stabilité d’un ordre présenté comme voulu par Dieu ou par les dieux.

Les arts sont codifiés, ils ne remettent pas en cause l’ordre établi, mais le représentent symboliquement et en cherchent le sens.

Modernité

En Europe, aux 18ème et 19ème siècles, ce modèle a été fortement remis en cause. La Révolution Française représente bien cette rupture. La religion est  remise en cause, ainsi que la hiérarchie entre les individus. Le temps n’est plus regardé comme une répétition cyclique d’un éternel ordre des choses : il est regardé comme une flèche orientée vers l’avenir qui permet le progrès de l’humanité.

Les individus cessent d’être déterminés par leur origine, le statut de leur famille, la religion : ils s’émancipent et deviennent des citoyens qui, par leur intelligence (leur raison) et leur développement moral, vont participer au progrès de l’humanité. C’est avec la modernité que naît l’école obligatoire pour tous.

Les arts ont pour rôle de participer de cette avancée : ils cherchent à représenter ce progrès, à explorer ce vers où l’humanité peut aller de l’avant.

Postmodernité

L’idéal de la modernité est fortement remis en question au XXème siècle : ce siècle a été marqué par le pire (deux guerres mondiales, shoah, horreurs staliniennes. Non seulement l’idéal moderne n’a pas empêché le pire, mais, dans le cas du communisme, il l’a même provoqué. Dès la fin de la première guerre mondiale, de jeunes artistes cessent de croire en quelque valeur que ce soit (qu’elles soient modernes ou traditionnelles) : c’est le cas du dadaïsme, par exemple :

Ce mouvement s’accentuera encore par la suite. On ne croit plus ni aux valeurs de la traditions (en tout cas on veut être libre par rapport à elles) ni aux valeurs de la modernité et efforts qu’elles exigent.

Marien

Marcel Marien, Voyante Grosse (1978)

Pour la petite histoire : la « mamy » à l’intérieur de l’utérus de la voyante aveugle est la mamy de l’auteur de ce blog et de ce cours ! Sa découverte par mon frère est des plus surréaliste, du reste… Plus de détails…

Avec la postmodernité, le temps n’est plus valorisé. C’est l’instant qui prime : l’individualisme marque la société (l’individu cherche avant tout son épanouissement, ainsi que celui de ses proches). La société se fragmente, une infinité de modes de vie deviennent possible et légitime, la différence sexuelle est remise en cause (voir la théorie des genres).
L’art contemporain est particulièrement  marqué aussi par cet éclatement des références.

Une oeuvre-installation du plasticien Jeff Koons (au palais de Versaille)
L’installation du Christmas Tree est typiquement postmoderne : la réaction négative qu’elle provoque est significative de l’inquiétude que provoque la vision postmoderne dans la population. Où va-t-on ? « Qu’est-ce qui reste comme valeurs sur lesquelles s’appuyer quand un art sans « valeur » remplace un symbole rituel traditionnel.

Même la rumeur xénophobe incriminant les musulmans dans ce remplacement est représentative : l’ère postmoderne, avec son individualisme, est aussi celle de la peur des autres communautés puisque plus rien ne « rassemble ».

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